Jean-Claude Ameisen / Sur les épaules de Darwin
Emission diffusée le 12 octobre 2013 sur France-Inter, titre La tapisserie toute entière
Le début de l'émission aborde le sujet des abeilles et du sommeil :
Préambule : les abeilles exécutent une danse pour indiquer à leurs semblables les lieux de récolte qu'elles ont découverts.
Première expérience (fin 2010) : on prive un groupe d'abeilles de sommeil. Le lendemain, on constate que la danse frétillante des abeilles dont le sommeil a été perturbé est moins précise que celle de leurs congénères qui ont pu dormir normalement. L'indication de distance est exacte mais pas celle de la direction.
Deuxième expérience en 2012 : on équipe des abeilles d'un émetteur radio miniature afin de pouvoir repérer leurs déplacements. Dans un premier temps, on capture des butineuses (équipées) qui sont emmenées dans le noir à une distance entre 200 et 300 m. de la ruche. On constate alors que les abeilles repartent dans la direction qu'elles ont l'habitude de prendre pour rentrer (privées de repères terrestres, elles se guident par rapport à la position du soleil). Puis ne trouvant pas la ruche, elles vont rechercher des repères mais seulement environ 60 % d'entre elles vont trouver le chemin (il y aura 40 % de pertes). Si on refait la même opération le lendemain en utilisant le même endroit, ce sont alors 90 % des abeilles qui réussiront à regagner leur ruche.
On peut alors se poser la question de savoir si la nuit a joué un rôle dans la mémorisation du trajet.
Expérience 1 : deux groupes d'abeilles, un dont le sommeil est perturbé (empêchées de dormir en les plaçant dans un récipient en mouvement permanent), un autre dont le sommeil n'est pas perturbé.
Capture des butineuses sur leur lieu habituel de récolte, déplacement : 60 % des butineuses regagnent leur ruche dans les deux groupes → le sommeil n'a pas d'influence sur la capacité à trouver un chemin inconnu vers la ruche.
Expérience 2 : avec d'autres abeilles on perturbe le sommeil non pas la nuit qui précède le déplacement mais la nuit qui le suit. Deux groupes, déplacement, 60 % retrouvent la ruche, on empêche de dormir un groupe, on déplace au même endroit les deux groupes à nouveau et là moins de 60 % des abeilles qui n'avaient pas pu dormir ont pu regagner leur ruche alors que 90 % des autres ont réussi.
Cette expérience suggère donc que le sommeil joue un rôle important dans l'inscription des expériences vécues la veille dans la mémoire des abeilles.
Ensuite l'émission traite des différentes étapes de la vie des abeilles.
Une troisième partie est consacrée à la raréfaction des Abeilles.
Elle serait due essentiellement à 3 causes :
- fractionnement de leur habitat par l'activité humaine
- diminution de leur résistance aux parasites
- pesticides
Il est intéressant de noter que le 6 mai 2013 on a mis en évidence le fait que le miel contient de l'acide p-coumarique qui augmente la capacité de détoxification des abeilles et leur défense contre les microbes. Cet acide vient probablement de la présence dans le miel de pollen et de propolis. On peut donc en déduire que le fait de nourrir les abeilles avec du sucre qui ne contient pas cet acide contribue à réduire l'efficacité de leur système de défense immunitaire.
Enfin l'émission expose le fait que l'abeille Apis Méliféra n'est pas la principale contributrice de la pollinisation des fleurs mais que c'est la diversité des pollinisateurs qui contribue à la qualité de cette pollinisation. Malheureusement, cette diversité des pollinisateurs est en forte décroissance et ceci est essentiellement dû aux activités humaines.
Vous pouvez ré-écouter cette émission :
https://www.franceinter.fr/emissions/sur-les-epaules-de-darwin/sur-les-epaules-de-darwin-12-octobre-2013